Interview de Jean Marc Piednoir, l’homme de la Cambox Isis

C’est bientôt Noël et si vous n’avez pas encore fait votre liste au père Noël, je ne peux que vous conseiller un cadeau que l’on m’a fait..

La cambox Isis a été pour moi, un des plus beau cadeau livré par le père Noël ! (je suis d’ailleurs prête à parier qu’il s’en est gardé une pour filmer ses livraisons de la nuit du 24 au 25 décembre ! )Je ne m’en sépare plus, elle fait partie intégrale de ma check list de concours, très discrète, elle se laisse facilement oublier, que cela soit pour un parcours de CSO, pour une balade en extérieur, ou encore pour une scène de guerre sabre au clair lors d’une reconstitutionsElle fait toujours sensation dans mon entourage (cavalier ou non) et restitue vraiment les sensations que l’on peut avoir en tant que cavalier. Dans un de mes premiers articles, je te confiais mon avis sur cette caméra embarquée destinée aux sports équestres. J’ai voulu aller plus loin et en savoir plus sur cette entreprise made in France qui commence à se faire un Nom aux quatre coins du monde. Voici donc mon interview avec le fondateur de cette caméra équestre ultra innovante : Jean Marc Piednoir.

 

Qui êtes vous dans la société Cambox ?


Dans la vie professionnelle je suis le gérant de la société Emolab ( société d’impresion 3D) qui fabrique la cambox, dans la vie privée cavalier amateur en CSO et l’inventeur de la caméra. 

 

 

cambox isi2

 

Vous êtes le concepteur de la première caméra embarquée destinée aux sports équestres. Présentez-nous votre produit.

C’est un tout nouveau concept de caméra embarquée avec pour avantages, entres autres, d’offrir un maximum de sécurité et de discrétion puisqu’elle se fixe sous la visière de la bombe avec un système inédit d’attache velcro.

Poids: 38 grammes

Taille : 15 millimètres d’épaisseurs

Résolution : 1290×720 pixels (HD)

Avec une autonomie entre 1h15 et 1h30 en enregistrement, elle permet aux cavaliers de revivre son parcours en caméra embarquée (image et son) et de partager ses émotions avec ses amis, sa famille, sur Facebook, You Tube…

D’un point de vue technique, on peut « débriefer » ensuite son parcours (corriger leurs fautes de regard, de placements, de trajectoires, de respiration…).

On peut réaliser également du « coaching » : en positionnant la caméra sous la visière de sa casquette, un moniteur, au paddock, voit, filme et commente les mains libres ce que le cavalier ne verra jamais dans le but ensuite de gommer les erreurs faites par le cavalier.

On peut mettre en avant plusieurs points forts.

  • Le plus important :  la sécurité ; on a tous en tête l’accident de  Michael Schumacher dont le support de la Gorpro aurait causé le traumatisme en s’enfonçant dans le casque durant le choc (la caméra ayant été au préalable éjectée)

La sécurité était au coeur de ma problématique. Je ne voulais pas d’une caméra qui soit la cause d’un traumatisme. Pour moi, caméra devait être sous la visière car c’est souple ou éjectable et j’ai conçu ce système en 2012.

En Novembre 2013 j’ai fait certifier ma camera auprès d’un bureau de contrôles qui a fait des tests de flexion sur la visière du casque équipée de la caméra. Les résultats ont démontré que le casque conservait, malgré la présence de la caméra, toutes ses propriétés dynamiques de déformation et de souplesse. La caméra n’entravait donc aucunement la fonction de protection du casque.

  • La discrétion est un atout de choix , rien de tel que d’avoir une caméra que l’on ne voit pas ! La caméra est discrète visuellement parlant, mais sa légèreté ajoute d’autant plus à sa discrétion. La caméra s’oublie très facilement.
  • Avec un unique bouton, un témoin led, la caméra bénéficie d’un autre point fort : la facilité d’utilisation.
  • Enfin, dernier avantage et pas des plus négligeable : le design, c’est quand même un produit qui reste beau à regarder !

Nous en sommes, à l’heure actuelle, à la 3ème génération électronique mais le produit est en évolution continuelle.

Nous procédons à une série de tests de contrôles systématiques à l’issue de la fabrication de chacune des caméras. Les cambox sont chargées puis utilisées le temps d’un cycle complet, et ce à  2 reprises, pour vérifier la bonne marche du produit.

photo2 pour Facebook

 

D’où vous est venue l’idée d’inventer cette caméra ?

J’ai commencé à faire du commerce  de caméra embarqué en 2011, pour des distributeurs de caméras destinés à divers sports (moto V.T.T. cyclisme …) .

Je proposais donc aux cavaliers des essais gratuits de ces caméras. Seulement les cavaliers trouvaient toujours des excuses pour ne pas prendre ces caméras :

« C’est trop gros ! »
« C’est trop lourd ! »
« C’est pas discret ! »
« C’est pas joli, on va se moquer de moi ! »
« C’est trop dangereux !, et si je tombe avec ? »

Au bout d’un an, personne n’en voulait même gratuitement. Au final je me suis rendu compte que le produit n’était pas adapté.

 Cambox aujourd’hui, c’est une entreprise qui grandit, combien de personnes y contribuent ?

Au début, j’étais seul: j’étais le dessinateur de la caméra, je fabriquais moi-même des  prototypes avec des bouts de cartons découpés aux ciseaux et assemblés à la colle. Au sein de mon entreprise d’impression 3D, j’ai donc été amené à me fabriquer des coques et différentes pièces pour fabriquer la Cambox. C’est ainsi que la Cambox est née en 2013.

Aujourd’hui la société c’est 4 personnes :

  • 1 personne chargée de la partie commerciale et communication.
  • 1 personne  chargée conception informatique jusqu’à l’impression 3D
  • 1 personne chargée de l’assemblage, du montage, des soudures, tests et contrôle qualité.
  • Et moi-même chargé de la partie administrative et financière ainsi que de l’exportation du produit à l’échelle internationale.

L’entreprise est encore une petite entreprise bien que sont nom commence à grandir et gagne en réputation à travers le monde. La caméra s’exporte désormais dans plusieurs pays du globe: Etats- unis Australie, Suède, Royaume-Uni, Belgique, et c’est loin d’être fini, nous disposons de plus de 145 distributeurs  en France, et les distributeurs étrangers commencent progressivement à se multiplier.

Pourquoi  » ISIS  » ?

Tout simplement, pour rendre hommage à Isis Des Touches, ma jument, je ne pouvais lui faire de poulain car on lui avait enlevé les ovaires, donc je peux dire que le petit qu’elle m’a offert c’est la Cambox !

J’ai monté Isis Des Touches des centaines de fois en 3 ans pour valider la moindre correction, la moindre évolution, la moindre modification apportée à la caméra embarquée !

JMP_ISIS_02
Jean Marc Piednoir avec sa jument Isis des Touches

Est-ce facile de créer un produit et de le développer en France ? Avez-vous eu des soutiens ?

Comme je suis l’inventeur, j’ai été amené à aller voir l’INPI (institut national de la propriété intellectuelle). A titre personnel j’ai eu beaucoup d’écoute, j’ai été beaucoup aidé et conseillé. Ils m’ont permis de déposer les brevets les schémas.

Cependant pour protéger les brevets à l’international, le coût est énorme, ça a été un peu plus problématique.

Sur le plan bancaire, les banques ont mis énormément de temps à comprendre ce qu’on faisait, ils pensaient que l’équitation était un marché de niche, que ce n’était pas un sport. Ils ont mis énormément de temps à réagir et nous accompagner. Ca bouge depuis 2 mois, où l’on vient de lancer notre centre d’impression 3D et les banques nous accompagnent.

Le Made in france n’apporte pas grand chose, si ce n’est de pouvoir revendiquer une fabrication française avec des contrôles de qualité. Mais du côté des clients on ressent de plu en plus ce désir d’avoir des produits fabriqués en France. Même si nous sommes une petite entreprise, à notre échelle nous créons de l’emploi.

Nous sommes également accompagnés par la chambre de commerce et d’industrie de Nantes et St Nazaire, qui nous soutient dans un projet de total développement et nous a attribué un prêt d’honneur.

Au début, avez-vous douté ?

Il faut tout le temps douter. Si vous ne doutez pas, c’est que vous êtes sûres de vous et du coup vous pouvez snober les autres entreprises, vous vous coupez du marché.
Il faut être très à l’écoute des clients. Pour être toujours dans le mouvement. Il y a des entreprises qui se coupent de leur clientèle et de l’écoute du marché. Heureusement on doute : et il faut tout le temps douter ; c’est ce qui nous fait avancer.

Les qualités de résistance de la cambox ont-elles été éprouvées ?

Je peux témoigner :  j’ai été amené à la tester , en prototype et dernièrement où je me suis pris une grosse gamelle avec nez côte fêlés.

Lors de ma dernière chute, la visière du casque s’est déformée et la caméra a suivi le mouvement de la visière grâce à ses parties articulées.

De plus en plus de cavaliers professionnels adoptent la caméra, dans un soucis de  sécurité, notamment en concours complet, comme Michael JUNG qui l’a adopté pour Aix la chappelle

 Quels sont les retours des clients cambox ?

On fait très attention à la partie SAV

Comme toutes les marques, on rencontre des problèmes de conception. Mais aujourd’hui, on propose des coûts d’interventions, qui sont très proches du coût de revient, pour dépanner le client à moindre coût. On fait les interventions chez nous en maîtrisant les coûts.

En général on nous dit quand ça va pas, mais on ne nous dit pas quand tout va bien (c’est comme les trains, on en parle souvent quand ils sont en retard mais rarement quand ils sont à l’heure !)

Les réseaux sociaux, nous permettent d’obtenir des avis des clients et en général ils sont plutôt satisfaits. Et ça nous fait plaisir de voir des clients satisfaits d’utiliser notre caméra.

Vous regardez les vidéos de la cambox sur youtube/facebook ?

Oui bien sûr ! Même si on n’a pas le temps de scruter tous les recoins de la toile. On observe tout ça, ce sont les amis des amis des amis, qui nous transmettent des vidéos, et quand on les trouvent bien on les partage sur nos pages.

Et les retours des cavaliers pros dans tout ça ?

Tout à commencé à l’Ecurie des lumières près de nantes. A l’époque où la caméra était encore à l’état de bouts de cartons,le cavalier Jean François DOUILLARD (qui tourne en Pro 2) a eu le privilège d’en faire plusieurs tests. Puis du côté du CCE, Brice LUDA m’a aidé à imaginer la fixation pour les toques.

Aujourd’hui on essaye de se tourner du côté des courses hippiques notamment les courses de saut.

Voyez-vous des inconvénients, ou défauts à corriger ?

Il y a toujours des défauts à corriger. Je suis peut être un peu exigeant. Depuis le début (dans ma société Emolab), on a retenu un procédé de fabrication qui est très innovant, nous fabriquons les coques de nos caméras avec nos imprimantes 3D. On fait évoluer le produit, on fait le prototype sur place,  on teste, si cette amélioration est validée : automatiquement les prochaines caméras produites disposeront des dernière améliorations. Comme tout se fait sur place, de la conception papier à la fabrication en 3D, le développement/recherche ne nous prend pas trop de temps. Cela nous évite d’investir dan des moules couteux ( en acier)  que l’on ne peut pas modifier tous les jours. L’imprimante 3D étant un cube complètement vide dans lequel on va construire une pièce nous avons une totale liberté de création.

Quel est le « futur » de cambox ?

On envisage de mettre en place des possibilités de personnalisation grâce à l’impression 3D : un logo ou un message qui pourra être gravé sur la coque de la caméra.

On va lancer prochainement une caméra « Swarovski » : première caméra embarquée qui devient un bijou, cristaux Swarovski collés 1 par 1  permet de personnaliser la caméra.

Sur le plan logiciel, nous sommes actuellement en contact avec un éditeur allemand, pour mettre en place un logiciel permettant de monter ses vidéos en intervenant sur les couleurs ,les ombrages le sons mais aussi pour publier facilement les vidéos de la cambox sur Youtube Facebook ou Twitter

Il y aura-t-il un jour la FULL HD sur vos caméras ?

Il n’y a pour le moment pas de date de sortie officielle, mais nous envisageons une commercialisation de la CAMBOX FULL HD (c’est en cours de développement). Cette caméra a  été testé dès février 2015, elle nécéssite encore quelques affinements, c’est pourquoi nous attendons encore un peu pour approfondir les phases de test.

L’avantage que nous avons c’est que tout la chaîne de production se situe au même endroit, à Nantes, de la conceptualisation informatique à la fabrication en elle-même du produit.

Nous avons amélioré nos cambox, au niveau du filtrage du son par une mousse pour diminuer le bruit ambiant, tout en préservant les sons proches de la bouche du cavalier, ce qui permet de capter tous les bruits qui se passent à cheval (souffle du cavaliers, appel de langue, parole)

Envisagez-vous de conquérir de nouveaux marchés ?

Nous tenons avant tout à développer une gamme de produit dans les différents sports équestres, puis pourquoi pas envisager de se tourner vers les sports mécaniques où la sécurité est un point essentiel.

Quelques unes de mes vidéos faites avec la cambox :

Salon du cheval 2015 : crazy run 

En reconstitution historique 

En cross 

En CSO, vitesse 105

En balade à la maison 

D’autres vidéos de cambox :

cross (Michael JUNG à Aix-la-Chapelle)

vidéo de CSIO (Paris Eiffel Jumping)

attelage 4 chevaux Sébastien MOURIER

attelage 1 poney Claire LEFORT 

photo 1 pour Facebook

Le site web de la caméra