A mon tour de vous conter une rencontre exceptionnelle, je participe donc à la Cavalcade des Blogs proposé par Cavali’Erre sur le thème : RENCONTRES.
Des rencontres dans le milieu du cheval j’en ai eu plein, autant sur le plan humain qu’animalier. Mais celle qui me touche le plus, concerne un petit cheval Portugais qui sait combien il est beau !
Mon histoire avec ce « petit » cheval est vraiment spéciale. Comme si c’était un bout de notre destin à tous les deux.
Bronzeado (que l’on appelle Bronzad pour aller plus vite), un petit cheval d’1m58, importé de l’école portugaise d’art équestre de Lisbonne, m’a énormément appris, il m’a aussi beaucoup donné.
Cet Alter Real, donnait du fil à retordre à son cavalier. Cheval dressé dès son plus jeune âge à Lisbonne, il en savait plus que nous sur l’art équestre. Mais tellement bien qu’il avait un petit côté rebel et avait aussi l’art et la manière de nous mettre par terre en trois coups de dos. Oui, ce cheval m’a fait valser un bon paquet de fois (et il m’a fait aussi beaucoup courir à travers les prairies !)
Notre première fois à tous les deux, c’était un jour magique : déjà parce qu’il avait bien neigé, et en tant qu’émigrée bordelaise, il était rare d’avoir le privilège de faire des galopades dans les prairies enneigées ! C’était il y a maintenant 3 ans, le temps passe si vite !
Ce cheval est une gravure de mode; il a une crinière de rêve (1m de long…) il est d’un bai cerise étincellant, un oeil blanc qui vous regarde comme un égyptien. On pouvait l’amadouer à la carotte, un vrai boulimique ce portugais !
J’ai pris le temps de le connaître, de venir m’en occuper tous les jours, de lui faire de papouilles. Et ce qui a révélé notre lien : le travail en liberté. Oui à chaque fois que je montais il savait plaquer la bride sur son palais et dès que je n’avais plus de frein pif paf poom Clémence est par terre ! (trop drôle pour lui ! )
J’ai donc investi dans quelques kilos de carottes et de pommes (son poids en carottes grosso modo …), lui demandant de me suivre, de me fuir, de revenir… un cheval au doigt et à l’oeil. Les début étaient surtout axées sur un cheval qui doit me respecter. Interdit de rentrer au box en treuillant la madame (ça ma valut un bridon arraché par la porte de box un jour …)
Le respect s’est installé progressivement, mais je pense surtout que le lien s’est établi lorsqu’il a eu une grosse allergie à la paille (saleté d’acarien). Durant cette période je suis passée tous les jours pour panser ses plaies. Et je crois que depuis ce jour il m’en a été reconnaissant.
Un autre épisode nous a rapproché : une gamelle en carrière. Alors que je l’initiait aux joies du CSO, il s’est pris de sauter en « fasburry » s’étalant lamentablement par terre sur le côté (moi en dessous). Ce très cher portugais a alors pris la peine de m’épargner au maximum, et a surtout attendu que je me relève, et que je lui fasse signe pour qu’il se relève à son tour. Nous ne nous en sortîmes qu’avec quelques courbatures heureusement, plus de peur que de mal. Mais depuis ce jour, nous étions depuis ce jour comme « soudés », car je crois que nous avons eu tous les 2 la même peur au même moment, la peur que son compagnon se fasse mal.
Une fois cette confiance établie; je me suis dit, pourquoi pas retrouver les boutons qu’il avait appris auparavant. J’étais tombé sur une vidéo du temps où il était à Lisbonne, mazette il touchait quand même le poulain !!!! Je suis dit y’a pas moyen faut que j’arrive à réccupérer ces boutons de passage/piaffé il le fait naturellement quand il veut partir pleine balle dans les prés, mais sur un carré de dressage il fait la grosse patate !
C’était parti pour des heures et des heures de dressage, de rassembler de déplacements latéraux, de lecture du grand maître de l’art Equestre : Nuno Oliveira. Bref, je cherchais chaque jour à en tirer un peu plus.
Enlever la bride pour le monter en mors simple, obtenir la légèreté et lui montrer que je pouvais aussi ne pas lui casser la bouche (avec ma main parfois dure et maladroite).
J’ai persévéré pendant de longs mois, pour l’obtenir léger et aérien, le porter sur les postérieurs plus que sur les antérieurs; muscler son dos. Le rendre beau, nous rendre beaux !
Au fil des mois nous y sommes parvenus, j’ai eu droit à mon piaffer/passage en mors simple ! Vraiment fière de moi, de lui de nous. Il en sait un paquet ce minus, mais il garde tout pour lui, il le préserve pour le cavalier qui saura utiliser ces boutons. C’est une ferrari en somme, si tu sais pas conduire bah tu restes en 2ème vitesse.
La 3ème vitesse fut de lui apprendre le pas espagnol. La gourmandise fut, encore une fois, mon arme principale, d’abord à pied, puis monté. Pour le pas espagnol monté il nous aura fallu beaucoup de travail (car la carotte n’était pas pratique à distribuer…) Mais le défi fut relevé avec brio (après des mois de dur labeur). Ce petit cheval me donnait tout, tant que je lui rendais en caresses (et carottes évidemment!) Nous ne faisions qu’un, il savait exactement ce que je voulais de lui. C’était MAGIQUE. Cette sensation là, je ne l’ai ressenti avec aucun autre cheval, encore, une réelle fusion. Ce cheval m’a appris la persévérance, la patience, le calme, et la finesse.
Puis je me suis prise au jeu de continuer de le bosser, nous l’avons amené quelques fois en reconstitution pour l’aguérir un peu plus au public, aux bruits, aux déguisements (oui ça fait peur !). C’est devenu un vrai cheval de spectacle, qui aime parader, et il adore qu’on lui dise qu’il est beau ! Nous nous sommes mêmes essayés à la voltige cosaque, mais ce petit malin a su me faire goûter aux branches de marronnier en plein poirier !
Ce cheval me vouait un véritable culte, la dernière étape atteinte, fut de lui apprendre la levade. En fait, c’est lui qui m’a montré ce talent caché. Il savait le faire : en démonstration d’impatience, mais sur commande c’était rude.
Un jour d’été, durant l’une de nos séance en « liberté », il m’a montré cette levade. J’ai senti que je pouvais installer un code. J’ai d’abord travaillé à pied, associant le geste et la voix gratifiant chaque bonne action, renforçant le « non ». En une semaine cette figure était acquise, 2 jours plus tard il me l’offrait monté (je ne vous cache pas que la première fois qu’il l’a me la sorti monté, je me suis accrochée comme un gros bébé à son encolure). Cette première levade, fut dans une telle souplesse, une telle délicatesse. Il faisait tellement attention à moi.
Ce petit cheval n’est pas le mien, lorsque mon champion est arrivé, la transition a été quelque-peu difficile à faire pour lui. Il était très jaloux (il l’est encore un peu, mais je continue de venir lui faire des papouilles). Je me devais de m’éloigner un peu de lui, car il ne respectait pas son « papa gâteau », il faisait l’ignard d’un air de dire » y’en a qu’une qui sait me faire danser ». Je m’en suis éloignée le plus possible de façon à ne plus être SA référente. Car ce petit lustianien se base sur une seule et unique personne.. (j’avoue ça m’a un peu fendue le coeur, de devoir dire NON à une si belle relation )
C’était tellement beau tout cet amour qu’il ne savait donner qu’à moi seule. Mais ce n’est pas mon cheval, et il fallait qu’il forme un couple avec son « papa gateau » (car il est loin d’être malheureux).
Il m’a beaucoup appris, il m’a fait aimer le dressage, m’a fait goûter à la haute école et même à un soupçon de voltige cosaque ! Et bizarrement je n’ai pas choisi d’acheter un lusitanien ! Parce que pour moi il n’y en a pas deux comme lui. Et c’est aussi un peu grâce à lui que j’ai remis le pied à l’étrier à mon arrivée en Seine Et Marne ! Sans lui, je n’aurais peut être pas mon cheval de sport aujourd’hui !
Alors oui, on peut rencontrer un paquet de chevaux mais une poignée seule reste vraiment ancrée en nous. Donc merci petit cheval, même si tu m’as rappelé bien souvent la loi universelle de ce très cher Newton, tu m’as aussi montré combien un cheval pouvait se donner corps et âme pour son cavalier.