Aujourd’hui je vais un peu me livrer ,… du moins plus intimement que j’en ai l’habitude.
Je vais vous conter une partie de mon histoire (et celle de mon cheval)
Il y a un an, j’étais en quête pour un cheval…. pourquoi donc cette lubbie ?
J’étais heureuse à cheval, je montais le cheval portugais de mon beau père, avec lequel je m’amusais à jouer les apprentie dresseuse, j’étais embarquée dans des aventures historiques entre reconstitutions napoléonienne et première guerre mondiale. La situation me plaisait, je faisait du C.S.O avec le vieux Selle Français de mon copain, et du dressage de haute école avec le lusitanien (je me suis même essayée à la voltige cosaque !). En somme, je ne projetais ABSOLUMENT PAS d’achat de cheval dans les années à venir. (enfin je commençais à épargner dans ce sens, mais sans délai imposé )
Il y a un an, j’ai été ébranlée par la mort subite de mon papa. Même si je gardais les apparences sauves, à l’intérieur ça commençait à « péter les plombs » comme on dit.
Ma vie chamboule, plus d’envie, plus rien. Je suis à terre. Je m’enferme dans mon boulot, dans mon amertume.
Bref je commençais à broyer du noir, à être agressive, à me mettre dans ma bulle rien qu’à moi pour pas qu’on m’embête.
Je ne monte plus à cheval, mais curieusement je regarde les annonces de chevaux. Sans forcément me dire que je vais en acheter, mais juste pour me « changer les idées », puisque mon seul ami dans ces moment là, c’est mon Macbook.
Je passe donc mes soirées à èrer sur les annonces diverses et variées, internet devient un refuge. Et c’est là que j’apprends à connaître la Seine Et Marne comme une terre de cheval. Il y en a à la pelle, pour tous les goûts, pour tous les portefeuilles. Je cherchais un cheval avec des papiers. Celui qui pourrait réaliser mes rêves de gamine, retrouver les terrains de concours amateurs.
- Entre 1m65 et 1m80
- Polyvalent : CSO / défilés reconstitutions / balade, cheval sur lequel mon chéri pourra monter à loisirs (parce-qu’en fait j’étais très attachée au Lusitanien et je voulais que mon chéri continue les chevauchées fantastiques avec moi !)
- Froid dans sa tête mais tonique
- Robe BAI, mais toutes les autres robes ouvertes !
- Avec du crin
- pas plus de 9 000 euros
Mon père était cavalier, il aimait les chevaux, il rêvait d’avoir un cheval de trait pour sa retraite et se promener en attelage. Mais celui-ci m’avait toujours dit : « tu auras ton cheval quand tu pourras te le payer ». C’était clair et net, je n’ai jamais réclamé de cheval ado, car je savais que je n’en aurai pas. En soit, je ne le regrette absolument pas car au lieu de payer une pension à mon « probable cheval » mes parents ont pu me payer mes études. J’ai pu faire des jobs d’été à l’autre bout du monde sans me dire que je laissais une partie de moi à quelqu’un sans pouvoir interférer. Et j’ai pu déménager à 600 km du domicile parental sans me soucier à faire déménager le cheval aussi !
J’ai sélectionnée 2 annonces au final. J’ai essayé les 2 chevaux le même jour: un le matin et un l’après midi (ce fut vraiment le fruit du hasard). Et je n’ai pas eu de mal à me décider. Le feeling passait avec la proprio, avec le cheval. C’était lui ,je le savais. Il me redonnait le sourire rien qu’à le voir. Et pourtant ça ne me paraissait pas être un coup de coeur. Physiquement ce n’était pas une gravure, mais je voyais bien le potentiel de progression. C’était un cheval qui n’avait pas beaucoup bossé depuis 3 mois. Il avait un peu fondu en muscle et pris du bidon ! Mais il était « clé en main », il avait du métier, mais encore jeune.
En même temps tout s’est passé si vite, dans cette période qui pour moi s’écoulait si lentement… (paradoxallement !) : 1 semaine à l’essai, la visite véto à l’issue, des tas de radios dans tous les sens, la négociation…
J’ai rassemblé mes économies. Je ne les destinais pas à cela au début. J’envisageais plutôt changer de voiture. Et je voulais avoir assez d’argent pour : payer mon cheval, avoir une caisse « urgence véto » et au moins 6 mois de pension en réserve pour « au cas où » .
Un folie… que dirait mon père… je fais un caprice de fille triste et abandonnée… je veux mon cheval rêvé, parce que je n’ai plus mon papa ? Mais ce cheval m’apporte un équilibre que je n’avais plus ressenti depuis longtemps, même pas avec le Lusitanien que je montais avant (et avec lequel j’étais pourtant « fusionnelle« ).
Si j’ai un cheval aujourd’hui, c’est un peu parce que je n’ai plus mon père. Il est arrivé dans un moment de grande détresse. Il est mon rêve réalisé, mais en même temps le rappel incéssant que j’ai perdu un élément important. Mon cheval est devenu ma béquille, celui qui m’a amené dans de nouveaux projets : comme les championnats de France à Lamotte Beuvron et maintenant ma saison en amateur. Tout cela je ne l’aurai pas connu (ou pas tout de suite du moins…). D’ailleurs; mon cheval m’amène dans une nouvelle aventure qu’est ce blog, car sans lui : je ne me serai pas évertuée à lui faire la « tonte parfaite » et je n’aurai pas attentée à ma vie en me sectionnant un tendon à la tondeuse ! Donc si vous me lisez désormais… c’est un peu grâce à mon cheval. (le destin fait bien les choses il paraît !)
Je lui dois beaucoup. Ca fait 1 an désormais que l’on partage notre vie ensemble. Je pense qu’il est heureux. Je pense qu’il m’aime (oui il est jaloux quand je m’occupe d’autres chevaux). Il me fait des câlins qu’il ne fait pas à d’autre. Mon cheval c’est mon doudou, mon réconfort, mon pillier, celui qui me fait briller et qui me fait avancer. Je n’ai pas acheté mon cheval par caprice, il m’a remise en selle, il m’a remise dans la vraie vie, il m’aide à vivre avec une blessure qui ne s’atténue qu’en sa présence.
J’ai besoin de lui pour aller dans cette bulle d’oxygène que lui seul sait m’offrir. Pas besoin de le monter, juste passer du temps à côter de lui au pré, ou lui faire une bonne séance de pansage, ou des petits jeux en liberté. Plus le temps passe plus je vois notre relation évoluer. Il devient vraiment complice avec moi. Il rentre du pré sans que je le tienne à la longe comme mon petit chien. Quand je joue avec lui en liberté : je saute / il saute. Je « piaffe » il « essaye de piaffer » (oui je ne lui ai pas encore appris). Au fil des jours on se comprend, il n’a plus « trop » peur en balade (bon des fois il fait vraiment le chameau; mais c’est ça que j’aime aussi ! )
Mon seul regret : que mon père ne l’ai pas connu avant. Mais des fois j’ai cette sensation, qu’il y a un peu de mon père en lui.
J’ai fait un petit montage qui résume un peu notre année, depuis nos premiers instants ensemble. C’est fou comme en « si peu de temps » on a avancé !
C’est lui mon cheval de guerre, celui avec qui j’affronte ma bataille, qui sévit depuis la fin de l’automne 2014…Peu de personnes peuvent comprendre ce genre de bataille avant d’ être mis en première ligne… Le sourire est parfois une façade cachant un manque immense, encore plus profond que le vide lui même….
Avec lui je vis, j’avance, je brille…. car oui j’ai un peu perdu le miroir qui reflétait, l’enfant la jeune fille et la femme que je suis devenue….